Saturday, 1 March 2008

La SNCF: son rôle social

Aujourd'hui, dix neuf novembre, les premiers titres de l'édition de huit heures du matin sur France Inter annoncent une poursuite des mouvements de grève à la SNCF, des sabotages sur les voix... Mon propos ne portera pas sur ces perturbations là... Non, elles ne me concernent pas, même si je ne reste évidemment pas indifférent au problème.
Par contre, j'ai été passager il y a peu, d'un TGV tout aussi contraignant: Un TGV en retard!
Contexte: Je pars un weekend à Paris. Train 6668 prévu à 17h25.
Après le boulot, je saute dans un métro pour aller à la gare de Lyon Part Dieu. Impeccable, je suis en avance, petite visite au magasin Relay, j'achète une cartouche de cigarettes, scrute la presse et la littérature.
17h15, le monte sur le quai. Comme tout bon passager bien discipliné, je m'approche du tableau de composition des trains pour voir l'emplacement de ma voiture. Mais... Rien... Je demande à un des ces bons hommes habillés en bleu, "on a pas encore la composition du train, il est encore à Perrache". OK, je sens venir les problèmes, je vois venir cette bonne vieille SNCF nationale... Un retard!
De fait, du monde sur le quai, une annonce standard, le train est annoncé avec un quart d'heure de retard. Bon, j'attends encore avant de prévenir mon hôte parisien, je ne sais pas pourquoi, mais je sens que ça va être long...
17h45, les passagers du TGV de 18h05 arrivent à leur tour sur le quai. Ça commence à s'entasser... Je vais voir une petite boulotte bleue de la SNCF: "Non Monsieur, on en sait rien, le train est encore au dépôt". Là, je commence à rire. Le français comme je l'aime s'apprête à faire son apparition.
On est serré sur ce quai, des panneaux "défense de fumer", et l'air de se charger de nicotine... Une petite bonne femme vient me voir: "vous avez du feu s'il vous plaît?". Oui, nous autres fumeurs avons un certain sens du contact. "Vous attendez celui de 17h25?". Oui. Un sourire en coin, je lis chez elle l'exaspération que l'on ressent tous.
Je suis à côté des escaliers et du mini stand "accueil SNCF". Ils sont débordés. Le quai est blindé, les passagers de deux trains attendent. "Non, on ne sait toujours rien". Un petit bout de femme se met à leur crier après "vous allez nous rembourser au moins!". Pas de réponse, les gens s'énervent.
Un beau jeune homme à côté de moi souris: ironique et exaspéré, il tire sur sa clope.
Une demie heure après, je train n'est toujours pas là. Sa composition n'est toujours pas affichée... Mes compagnons d'infortune fument encore... Peu importe l'interdiction...
Un nouveau problème... Le train de Marseille va arriver, un troisième lot de passagers va se joindre à nous! Du monde... partout du monde, encore du monde... il pleut du monde... y'en a encore...partout, partout!
L'escalator se bloque, des excités commencent à crier, gueuler, il faut bien que quelqu'un prenne pour la SNCF... Le beau jeune homme éclate de rire. Oui, c'est la foire! Le pire reste pourtant à venir! Certes des passagers vont monter dans le train de Marseille, mais... d'autres vont descendre. Et ça descend, ça se bouscule... Le beau jeune homme parle. Nous raconte qu'il s'était fait refuser l'accès à un train ce matin même parce qu'il était en retard. La SNCF, généreuse, lui a demandé de racheter un billet. La petit bonne femme rigole et reprend mon feu pour allumer sa cinquième cigarette. Le train de 18h05 à destination de Paris Gare de Lyon est annoncé et arrive à quai.
Ses passagers seront à Paris avant nous. Des annonces autoritaires pour préciser que seuls les passagers ayant réservé pour ce train de 18h05 pouvaient y accéder... Nous autres, passagers du 6668 n'avons qu'à prendre notre mal en patience. Encore. Vite, une clope! Le quai se clairsème un peu, le 18h05 s'en va.
Arrive un autre train, sur notre voie, à destination de... Lyon Perrache... Normal! Tout va bien!
On parle de banalités avec mon petit groupe de paumés.
18h15: "Le TGV 6668 initialement prévu à 17h25 va entrer en gare voie D", auquel s'est ajouté un message standard d'excuses de la SNCF... Quelle sincérité!
La composition du train s'affiche, mon groupe d'infortune se dissout. On cherche nos voitures. On se quitte. Sans adieux.
On ne se connait pas, on ne se verra plus, on a passé un moment ensemble. C'est bon. C'est un peu ça être Français... râler, s'unir, se séparer, ne plus se revoir. Garder un souvenir.
18h30, le train quitte Lyon.

1 comment:

Anonymous said...

C'est moi l'hôte parisien non ? Tu craignais de citer mon nom ...
Gaëlle.