Thursday, 1 October 2009

"T'as couché dans un caniveau?"



Il y a des jours où, comme ça, on a envie d'être excessivement positif, enjoué et enthousiaste. Ce premier jour d'octobre en est un. Et pourtant. Aujourd'hui un marteau-piqueur résonne sans arrêt dans ma boite crânienne, mes paupières sont lourdes, mes jambes engourdies. J'ai bu peut être 7 café depuis ce matin, me suis nourri d'un TWIX, d'une crème dessert, et de gâteaux. Très équilibré.
C'est un jour que l'on appelle assez communément un lendemain de cuite, j'ai mal aux cheveux, je suis fatigué.
Et pour cause... Un apéro très bien arrosé, quelques cacahuètes, et une assurance sans faille que, malgré l'alcool et l'heure tardive je n'éprouverai aucun problème à me lever le lendemain. Oui, oui!

Ils ont bien dû sonner ces trois réveils. A 4h10, 4h16 et 4h27... Mais, je ne les ai pas entendu. Un rayon de soleil, j'ouvre les yeux et me dit "euh... je crois que je suis à la bourre...". Je me retourne, prend mon portable pour regarder l'heure: 9h02... Ah... Oui... Je suis à la bourre... Très à la bourre...
Du coup je m'habille, ne prend pas le temps de me laver, de manger, de boire un café, je file. Sortie d'agglomération, du monde, beaucoup plus qu'à 5h00, autoroute, et arrivée au paradis: l'abattoir! Encore lui!

Les gars sont en pause, ils sont assis sur les marche en train de fumer. En voyant passer ma voiture, il m'acclament et me montrent leurs montres. Oui, je suis en retard. Je le sais les gars!
Je sors de la voiture: ces braves tueurs dehors me disent bonjour et se foutent de moi. "T'as encore trop pris hier soir!", "T'as couché dans un caniveau?", etc. Très affectueux en fait. Ils sont tous mort de rire. Je me change, et je réalise que je suis parti tellement vite que j'ai oublié mes clopes. Je traverse le couloir pour aller jusqu'au réfectoire pour prendre un café. Et là, j'ai carrément le droit à des applaudissements. Crevé, je suis mort de rire. Ils me chambrent. Le chef de chaîne me propose des cachets tout en rigolant.
Je me bats désespérément contre un distributeur qui ne veut pas ma pièce de deux euros. Ils me regardent tous, je suis un objet de spectacle. J'essaie d'être plus malin, je vais mettre ma pièce dans l'autre distributeur et faire de la monnaie. Très fier, je m'approche de la machine et glisse ma pièce dans la fente. Mais là... je réalise qu'il n'y a pas de bouton de retour de monnaie... Échec mémorable, mon public se fout de ma gueule. Un d'entre eux se propose de me payer un café. C'est mignon comme tout. Je ressors, je veux une clope! Je croise des fumeurs dans les vestiaires et je demande si quelqu'un veut bien me dépanner d'une clope: j'ai eu le choix de 5 ou 6 marques de cigarettes! Et l'un d'entre eux m'a même dit: "Si tu en veux, tu te sers dans mon placard, y'a pas de soucis!". C'est pas gentil ça?
Ils ont continué le reste de la matinée (très courte du reste) à me chambrer...
Et là, je me dis... Je les aime bien quand même ces mecs! Certes il n'y a pas un jour où je ne pense pas à déménager, muter, sortir de l'abattoir! Mais... Ces braves gars qui sont ultra lourds par moments, un peu râleurs quand on leur demande quelque chose, un peu moqueurs vis à vis des emplois du temps de nous autres aux services vétérinaires, ben c'est quand même des mecs sympas. Je me sentais comme intégré à une équipe qui n'est pas vraiment la mienne, accepté et protégé. C'est bidon, mais c'est ce que je ressentais. Et quelque part, le jour où je partirai, ils vont me manquer quand même. Ils font un boulot difficile, sont pas tous très fins, mais finalement c'est des personnes assez entières, qu'on ne peut mépriser.
En tout cas, j'ai passé une bonne journée, la torpeur de l'alcool ingéré est passée, sans doute grâce à ces bons vieux tueurs. Merci à eux.


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