Wednesday 10 March 2010

Ratcatcher




Longtemps que je n'avais pas ressenti le besoin d'écrire sur un film. Pas que je n'ai pas vu de bons films récemment, d'ailleurs j'en ai vu de meilleurs que celui que je m'apprête à commenter mais celui-ci m'a procuré une sensation que je retrouve dans peu de films.

"Ratcatcher", le chasseur de rat, premier long métrage de Lynne Ramsay sorti en 1999. Film qui a fait l'ouverture du festival d'Edimbourg et pour lequel Lynne Ramsay a reçu le BAFTA 2000 du meilleur jeune réalisateur.
Impossible de trouver un bande annonce, donc, je vais me contenter de raconter l'histoire (vite fait parce que c'est un peu compliqué) et de décrire ces sensations si particulières.

C'est l'histoire d'une jeune garçon, James, qui vit dans un "slum", quartier pauvre de Glasgow dans les années soixante dix. Hanté par un secret lourd à porter, trop lourd. En effet, un de ses camarades se noie sous ses yeux, alors qu'ils étaient en train de jouer. Personne ne sait qu'il est le seul témoin; inactif en outre, de ce drame. Il se rend alors étranger à sa propre famille et passe son temps sur les bords du canal et partage son affection entre Margaret Ann, une adolescente légère et vulnérable; et Kenny, un gamin resté innocent malgré la dureté de son environnement. Tandis que le rêve familial d'être relogé dans un lotissement neuf s'évanouit suite à une inspection des services sociaux, James trouve dans une maison en construction un abri bien à lui... Voilà pour la présentation.



Tout se passe pendant la grève des éboueurs de 1973, ce qui rend le quartier de James encore plus misérable qu'il ne l'est. Il va sans dire que c'est du contexte social et familial précaire: alcoolisme, violence, des jeunes trop vite confrontés à l'hostilité de leur environnement.
L'approche de l'histoire n'est pas celle du drame social que l'on connaît chez Ken Loach ou Mike Leigh. Certes il y a du social, mais l'histoire se concentre sur les ressentis (montrés mais jamais dits) du jeune James. Ses regards, et ses expressions, et par l'image ses sentiments. Donc j'aime ici le travail de la réalisatrice sur l'introspection du garçon. Approche épurée et pudique.
Par ailleurs, et ce n'est pas dissociable car c'est de là que tout se lit, la qualité de la photographie et de la mise en scène de ce film est sans contexte ce qui m'a le plus plu.

Des images brutes et des contrastes forts, une grande sobriété dans les couleurs, et le choix de la bande annonce (quasiment absente). Certes un film au rythme lent. Les images et leur alternance donnent le tempo de l'"action". Les expressions de visages et de circonstances en accord avec la luminosité, c'est assez magnifique et difficile à décrire.

Une fin tragique cependant, mais prévisible. Rongé par la honte, le remord, et l'impossibilité à ses yeux de se sortir de ce cauchemar multiple: le décès, son environnement terne et sans avenir; James met fin à ses jours dans le canal. Et dans ces derniers moments de conscience, voit défiler son rêve le plus cher: une vie simple et heureuse, auprès des siens, dans ce lieu qui lui servit d'échappatoire jusque là.

En tout cas, c'est comme ça que j'ai compris la fin... Et je suis preneur d'avis différents.




Si de fait je vous ai raconté la fin, peu importe, vous pouvez la comprendre différemment (deuxième extrait youtube), et ne serait-ce que pour la qualité des images et de la mise en scène, je vous recommande de voir ce film.

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